Teoula, voyage en famille autour de l'Atlantique

Mais qu’est ce qu’on fout là !!! N°2

23/10/2008 21:33

Nous n’en finissons plus de quitter Gibraltar. Entre les courriers à poster, les devoirs du CNED à terminer et à poster dans les temps, les voisins de pontons, les enfants qui se font des copains parmi les équipages alentour, nous retardons notre départ une seconde fois.

 

La première fois nous serions partis en compagnie de Stormy Weather skippé par Edmondo et Christiane avec qui nous avons sympathisés, cette fois ci, nous partions avec une famille norvégienne sur Rosea, direction les Canaries. Mais les prévisions météo, correctes il y a 24 heures, ont changé très rapidement, et je décide de ne pas partir avec ce train. Nous resterons bien à l’abri, au port de Gibraltar, et nous partirons avec la prochaine fenêtre météo favorable.

 

De toutes les façons, nous avons encore mille choses à régler….

 

En fin de matinée, le personnel du port passe sur les pontons en diffusant la consigne de  doubler les amarres et de toutes les retendre au maximum, en profitant de la basse mer…

Un coup de vent est annoncé pour la soirée, et pour les prochaines 24 heures.

 

Dans l’après-midi, le vent commence à monter, mais nous sommes bien protégés par le rocher de Gibraltar. Nous l’entendons siffler, mais nous ne percevons que 35 Nds de vent…rien d’extraordinaire…Par contre, la houle de l’avant-port enfle et commence à déferler dans le port…l’entrée du port semble très mal défendue de la houle…les pontons flottants commence à danser la Java. Au fond du port, un ressac se forme, renvoyant régulièrement les bateaux des alentours tâter du ponton.

 

Près de notre emplacement, de l’autre coté du ponton, un bateau cogne régulièrement le ponton. Son propriétaire essaie de le protéger en intercalant des pare-battages, mais sous les coups de boutoir du bateau, ils explosent les uns après les autres.

Plus loin, un énorme yacht arrache littéralement les pontons auquel il est amarré….Il doit quitter les lieux, tandis qu’un remorqueur emporte le ponton ivre.

 

La houle et le ressac enflent dans le port. En fin d’après-midi, trois bateaux quittent le port pour s’abriter dans le mouillage de la Linéa, au fond de la baie de Gibraltar. Les sorties du port sont impressionnantes, mais chaque bateau passera sans encombre. Sont-ils plus habitués des lieux ou simplement, ne tiennent-ils déjà plus leurs bateaux ? L’avenir nous dira que nous aurions du les suivre…

 

En effet, la nuit s’annonce longue, très longue. Fatigués par déjà dix heures de veille, nous décidons, après avoir retendu une dernière fois les amarres avant, d’aller faire un petit somme … de deux heures à peine ! Car le vent et les vagues enflent et nous sommes vite réveillés par des chocs très puissants contre notre coque : il s’agit du yacht fantôme d’à côté dont les amarres explosent les unes après les autres. Frank bondit d’un bateau à l’autre pour essayer de reformer et de retendre ses amarres. Nous ne sommes pas les seuls à lutter : Richard de Carina est aussi sur tous les fronts : sur son bateau projeté régulièrement sur le ponton mais également sur celui de Mel, notre autre voisin, parti, terrorisé, dormir dans sa voiture. En face, Alan sur le pont avec son éternelle pipe en bouche, plus loin, les autres occupants des bateaux , tous, luttent pour maintenir leur bateau et repousser les bateaux fantômes voisins extrêmement dangereux. Les rafales s’amplifient de plus en plus : 45 nœuds sur notre anémomètre et cela n’est pas fini …Frank et moi prolongeons la nuit, chacun sur une jupe arrière, avec un énorme pare-battage dans les pieds afin d’atténuer les chocs de Teoula contre le ponton.

 

Le lendemain, les enfants se réveillent l’un après l’autre. Ils auront dormis toute la nuit, et voyant nos mines blafardes nous demandent ce qu’il s’est passé cette nuit ??? Mais en descendant sur le ponton, et en voyant les dégâts, ils comprennent vite. La tempête a laissé des traces. D’innombrables débris flottent dans le port, certains bateaux sont éventrés, un autre flotte tout seul au milieu du port !!! Stupeur, la passerelle de notre ponton a disparu dans la nuit, arrachée par le yacht qui la jouxtait. Nous sommes prisonniers sur notre ponton, avec les autres équipages. Certaines bornes du ponton ont été arrachées et gisent là. L’eau et l’électricité sont coupées et ne seront rétablies que dans quelques jours ... Pour couronner le tout, notre ponton est en train de se séparer en deux !!!

Les services du port ne savent plus où donner de la tête…Chacun s’affaire à remplacer ses amarres, ses pare-battages, ou à constater les dégâts. Le moral des troupes est en berne. Les équipages cherchent à se remonter le moral les uns les autres tandis que ceux des bateaux fantômes arrivent les uns après les autres pour constater les dégâts (souvent importants du fait du manque de surveillance).

Finalement, nous nous en tirons bien, avec quelques égratignures. Nous sommes surtout fatigués…et à mille lieux de l’image cocotiers et mer turquoise…Mais nous nous rattraperons, c’est promis !!!

 

J’avais prévu d’aller faire quelques achats chez Sheppard’s, l’incontournable shipchandler de Gibraltar. Je réussis à quitter le ponton en escaladant un yacht. Dans les rues, les poubelles et les scooters ont été renversés par le vent, ici un palmier renversé, là un portail arraché…Bigre, il y eu du grabuge en ville cette nuit. En arrivant chez Sheppard’s, la une du journal affiche clairement le couleur : Gibraltar a subit une tempête d’une rare violence, deux pétroliers sont partis à la dérive, l’un a coulé en se fracassant sur la pointe Europa !!! Gibraltar n’avait pas connu une telle tempête depuis quinze ans !!! Mais qu’est-ce que nous faisions là ??? Les stocks d’amarres et de pare-battages sont pris d’assaut. Les histoires les plus folles courent. A Marina Bay, l’autre marina de Gibraltar, certains bateaux seront criblés d’impacts des pontons en béton. Dans le mouillage de La Linea, en face de Marina Bay, certains bateaux auraient été drossés à la côte…Aurions-nous été les mieux lotis dans notre shaker géant ???

 

Je reviens à Queensway avec toutes ces nouvelles. Dans la marina, c’est toujours la désolation. Les équipages déambulent, abasourdis par tant de dégâts. Les plus courageux se lancent dans le nettoyage de leur bateau.

 

Le soir, pour nous réconforter nous ouvrons une des conserves de nos amis. Nous dégusterons la délicieuse tajine de Nathalie & André-Eric, et aspirons tous à partir de Gibraltar.

Photos : Mais qu’est ce qu’on fout là !!! N°2

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  Spectacle de désolation le lendemain...

 

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 Le calme après la tempête...